Retrouvez ci-dessous mon interview au journal Le Monde publiée aujourd’hui au sujet du projet de loi Orientation et réussite des étudiants issu du Plan Etudiants dont je suis le rapporteur.

Le député LRM, rapporteur du texte sur la réforme de l’accès à l’université, assure qu’aucun étudiant ne sera « sur le carreau ».

 

Gabriel Attal, à l'Assemblée Nationale, le 30 novembre.

L’examen de la réforme de l’accès à l’université débute en commission à l’Assemblée nationale, mardi 5 décembre. Rapporteur du texte, le député La République en marche Gabriel Attal assure qu’aucun bachelier ne se « retrouvera sur le carreau » à l’entrée de l’enseignement supérieur.

Que répondez-vous aux syndicats qui dénoncent, derrière ce projet de loi, la mise en place d’une « sélection » à l’entrée de l’université ?

S’il s’agit de laisser entendre qu’on voudrait fermer les portes de l’université, c’est exactement l’inverse. Nous partons d’un double constat : il faut sortir du tirage au sort, totalement arbitraire, pratiqué jusqu’ici à l’entrée de l’université, et garantir la réussite des étudiants, alors que les taux d’échecs atteignent aujourd’hui plus de 60 %. Le gouvernement met en place diverses mesures pour diminuer la pression sur les filières tendues et prévoit un meilleur accompagnement des lycéens dans leur orientation. Si la tension persiste dans certaines filières, le choix entre les élèves ne se fera plus par tirage au sort, mais en fonction de la cohérence entre leur profil, leur motivation et la formation choisie.

Comment les « attendus » de chaque licence, c’est-à-dire les compétences jugées nécessaires pour y réussir, vont-ils être définis ?

La ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, y travaille avec l’ensemble des acteurs. Pour sécuriser cette liste de compétences requises, je dépose un amendement qui lui donnera, dans la loi, un cadrage national. Les établissements auront une marge de manœuvre, car il peut y avoir des différences entre les diplômes de deux universités, mais ce cadrage permettra d’éviter des situations de concurrence ou de compétition entre établissements, de même que des critères pouvant aggraver les inégalités sociales. Je suis ainsi opposé à ce qu’on puisse demander aux candidats à la filière Staps d’avoir le BAFA, un brevet qui coûte un millier d’euros. Tous les jeunes ne peuvent pas se le payer.

N’existe-t-il pas néanmoins un risque de sélection sociale, alors que les universités pourront examiner l’ensemble du dossier d’un candidat ?

Aujourd’hui, la sélection sociale existe, elle se fait par l’échec. Pour y remédier, le projet de loi prévoit que les universités apportent un accompagnement pédagogique aux bacheliers qui arrivent sans avoir toutes les compétences nécessaires pour réussir. Nous ouvrons également des places supplémentaires en BTS. Pour une plus grande lisibilité du système complexe de l’enseignement supérieur, je dépose aussi un amendement pour que, d’ici à 2020, l’ensemble des formations du supérieur soient présentes sur la nouvelle plate-forme pour leurs admissions. Ce n’était pas le cas sur APB.

Ne risque-t-il pas d’y avoir des bacheliers sans place dans une formation à la prochaine rentrée, alors que 40 000 étudiants supplémentaires sont attendus ?

Il n’y aura pas de bachelier sur le carreau. La ministre s’est engagée à ce que chaque étudiant qui souhaite poursuivre ses études dans le supérieur y ait une place à la rentrée 2018.

La mise en œuvre concrète de la réforme dans un calendrier si serré promet cependant d’être compliquée…

Notre système vit de fortes turbulences depuis plusieurs années en raison du nombre croissant d’étudiants. On ne sort pas de telles turbulences en quelques mois seulement. Notre réforme, structurelle, va monter en puissance. D’ici là, il faudra être très vigilant sur la prochaine rentrée à l’université. Les enjeux à court terme sont réels, nous sommes tous conscients qu’il faut une forte mobilisation de l’ensemble des acteurs (universités, rectorats, équipes pédagogiques) sur un temps court.

Quelles sont les difficultés en vue ?

Plusieurs points de vigilance existent. Il faut que les universités apportent une réponse à tous les vœux des bacheliers. Et que ces derniers soient en capacité de se positionner rapidement sur les choix qui leur sont proposés. Enfin, dans les cas où des étudiants se retrouveraient sans filière à l’issue de la procédure, il faudra que la commission placée sous l’autorité du recteur apporte des propositions de formation les plus proches possibles de leurs attentes.

Craignez-vous une mobilisation de la jeunesse contre cette réforme, en particulier des syndicats lycéens ?

Pourquoi craindre la rue face à une réforme pour l’émancipation des jeunes ? L’opinion publique a évolué, il n’y a rien de plus injuste que d’être tiré au sort. Aujourd’hui, je ressens un soutien à la réforme. La FAGE, première organisation étudiante, la regarde positivement. Quant aux actuels lycéens, qui sont les premiers concernés, il faut bien sûr continuer à faire de la pédagogie auprès d’eux. Ceux qui contestent la réforme, que proposent-ils comme alternative, sinon le maintien du tirage au sort ? Si leur seule réponse est de créer massivement des places, je rappelle que construire des universités du jour au lendemain, cela n’existe pas. Il y aura des créations de places mais si les places étaient le seul sujet, nous aurions 100 % de réussite à la fac aujourd’hui ! La France insoumise (LFI) assène des contre-vérités, elle veut instrumentaliser la jeunesse contre cette réforme. Mais force est de constater qu’à ce stade, elle n’y parvient pas.

mardi 05 décembre 2017

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